C’est officiel, l’État va accorder deux milliards d’euros de prêts verts aux entreprises pour accélérer leur adaptation au changement climatique. Ça tombe bien, l’ADEME a rédigé un guide pour se saisir efficacement du sujet. On vous explique tout.
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Les trois grandes annonces de l’État
Jeudi 8 février 2024, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances et Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, ont présenté les chantiers principaux de l’adaptation des entreprises face au changement climatique. Trois grandes annonces ont été faites :
- la création de prêts verts garantis par l’État (PVG) pour faciliter les investissements d’adaptation des entreprises ;
- l’obligation d’intégrer le changement climatique dans tous les futurs travaux de rénovation des bâtiments publics ;
- l’obligation pour les grandes entreprises publiques de l’énergie et des transports de se doter d’un plan d’adaptation pour garantir que leurs équipements vitaux résisteront aux aléas climatiques.
Pourquoi c’est important ?
« En parallèle à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation aux impacts du changement climatique est indispensable pour garantir la pérennité de l’activité d’une entreprise » explique François Boisleux, coordinateur adaptation au changement climatique à la Direction Adaptation Aménagement et Trajectoire Bas Carbone (DAAT) de l’ADEME. Les canicules, la répartition des pluies sur l’année ou les sécheresses sont autant d’éléments qui ont déjà des impacts sur l’activité d’une entreprise. Avec une France atteignant +2°C dès 2030, ces phénomènes se renforceront. « Imaginez une entreprise agro-alimentaire qui s’approvisionne en pommes de terre dans un territoire régulièrement soumis, demain, à des déficits hydriques et aux arrêtés sécheresse, la production du site industriel sera touchée. Or, si l’entreprise a évalué ses vulnérabilités et engagé une stratégie d’adaptation, celle-ci aura pu mettre en avant la nécessité de passer des contrats avec des agriculteurs d’autres territoires moins exposés, voire de transformer son activité en poursuivant un approvisionnement local mais avec d’autres matières premières », souligne François Boisleux.
L’ADEME vous accompagne !
En 2023, l’ADEME a mené une enquête sur les besoins des entreprises en matière d’adaptation. Sur les plus de 3 000 entreprises qui ont participé, la moitié estimait avoir déjà mené des actions d’adaptation. Mais les initiatives citées concernaient essentiellement des solutions destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre (mobilité durable, efficacité énergétique…) et très peu d’actions d’adaptation. Pour pouvoir agir, l’un des besoins exprimés concernait la nécessité d’avoir des retours d’expériences. C’est pourquoi l’ADEME en partenariat avec l’association EpE et le ministère de la Transition écologique a conçu un guide intitulé « En entreprise, comment s’engager dans un parcours d’adaptation au changement climatique ? » qui s’appuie sur les témoignages de 30 entreprises françaises déjà engagées dans cette démarche. Ce guide présente les différentes étapes à suivre, du diagnostic à l’évaluation, illustrés par les actions et stratégies de ces 30 entreprises. « L’objectif est de donner l’envie d’agir aux entreprises » explique François Boisleux. « Il est important qu’elles s’approprient les enjeux de l’adaptation au changement climatique, qu’elles comprennent qu’il y a différentes étapes incontournables et qu’elles voient qu’elles ne sont pas toutes seules ». S’inspirer de ce qui a déjà été fait ailleurs, dans des entreprises aux tailles, secteurs et niveaux de maturité différents, voilà l’ambition du guide.
Connaissez-vous le diagnostic OCARA et la méthode ACT Adaptation ?
« La première étape pour les entreprises, c’est le diagnostic de vulnérabilité » explique François Boisleux. Or, parmi les entreprises interrogées en 2023, seulement 8 % avaient effectué cette étape pourtant indispensable. Dans le guide, quelques outils sont présentés (sans être exhaustifs) : les ateliers de l’adaptation au changement climatique pour éveiller les consciences, le diagnostic OCARA (Operational Climate Adaptation & Resilience Assessment) ou encore les accompagnements sur-mesure des CCI via l’outil Climadiag Expert. Le guide souligne également l’importance de la démarche suivi-évaluation grâce à la méthode ACT Adaptation qui aide les entreprises à évaluer leur stratégie d’adaptation au changement climatique.
Pour finir… deux exemples inspirants avant de se lancer
Le premier, c’est celui de la clinique Saint-Roch à Cambrai (59). Elle a fait le choix de la géothermie (grâce à un financement du Fonds chaleur) pour assurer ses besoins de chauffage et de rafraîchissement et s’assure ainsi d’un meilleur confort d’été face aux canicules grâce au geocooling (technique qui consiste à utiliser la fraîcheur naturelle d’un sol pour rafraîchir son intérieur). « La clinique se passe de climatisation pour rafraîchir ce qui permet d’éviter la mal-adaptation » souligne François Boisleux. Le deuxième exemple, c’est celui des Jus de fruits d’Alsace, une PME spécialisée dans la production de jus de fruits. À l’issue de son diagnostic de vulnérabilité, celle-ci a mis en place une diversification de ses approvisionnements en matière première et une réduction de sa consommation d’eau. Le résultat : la production est passée de 5 litres à 2 litres d’eau utilisés par litre de produit fini. Pas mal non ?